Paysage , histoire.
À la Renaissance, le paysage sert à exprimer les utopies urbaines et politiques émergentes. D’abord « perçu » dans les représentations de scènes intérieures à travers le cadre des fenêtres, il va prendre une place de plus en plus importante, jusqu’à occuper toute la surface de la toile, comme dans la célèbre Tempête de Giorgione, première peinture où le paysage occupe la place prépondérante. La peinture de paysage se développe particulièrement à cette époque dans les Pays-Bas où la Réforme protestante interdit les images dans les églises
La critique d’art a ainsi longtemps désigné le peintre anversois Joachim Patinier comme l’inventeur du paysage formant un genre à part et se suffisant à lui-même8.
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Parallèlement, les personnages des scènes religieuses en extérieur vont « rétrécir » jusqu’à n’être presque plus symbolisés que par les éléments du paysage (ex. : le Christ par une montagne)9
Le paysage ne prend toutefois véritablement son essor qu’au xviie siècle, avec le développement du collectionnisme. En Flandres, la première représentation de paysage indépendant est celle de Joachim Patinier. Roger de Piles distingue trois types de paysages10 :
- Le paysage héroïque, où se trouve représentée une nature idéale, grandiose, domptée par l’Homme. La représentation n’est alors pas crédible, mais recomposée pour sublimer la nature et la rendre parfaite ; en général, une histoire se cache dans ce type de paysages, dont les poncifs sont la présence d’éléments d’architecture romaine, combinés à une montagne ou une colline et à un plan d’eau. Les trois centres importants de ce type de représentations sont Rome, avec Annibale Carracci, le créateur de ce type, et ses suivants l’Albane, Le Dominiquin, Poussin…, mais aussi Paris et la Hollande. Dans la première moitié du xviiie siècle, le paysage constitue le cadre idéal d’une vie sensible à plus de naturel, dans la peinture de Watteau, par exemple.
- Le paysage pastoral ou champêtre propose une vision plus naturaliste et humaniste, de l’harmonie entre l’Homme et la nature avec Jacob van Ruisdael et Jan Van Goyen. En général, celle-ci est grandiose, abondante et sauvage, représentée souvent lors de tempêtes et d’orages. Si cette vision est plus crédible, il n’est pas nécessaire qu’un lieu précis soit représenté. On trouve donc des œuvres de ce type chez les petits maîtres des écoles du nord dans la veine du succès obtenu par Ruisdael et Van Goyen, et aussi parfois dans les peintures et gravures de Rubens, Rembrandt et Salvator Rosa.
- Le paysage topographique, ou vue, qui représente nécessairement un lieu précis et identifiable, avec une nature présentée de manière plus humble et détaillée, en tout cas plus proche de la réalité observée. Ce genre est assez caractéristique de l’école hollandaise, où les peintres sont extrêmement spécialisés (il existe des peintres de paysages d’hiver, de forêts, de canaux, de villes…) : Vermeer, avec sa célèbre Vue de Delft, en est probablement le représentant le plus célèbre. Dans la seconde moitié du xviiie siècle, le paysage devient un enjeu majeur pour une expérience directe prise sur le motif, dans un souci d’exactitude qui relève de la même démarche que celle des Encyclopédistes. Cette pratique pré-photographique, qui se retrouve dans l’Europe entière, a été soulignée chez des historiens de la photographie. On y trouve aussi bien des topographes comme Claude Joseph Vernet et Thomas Girtin que des peintres de paysage inspirés de l’Antique comme Pierre-Henri de Valenciennes dont les études de ciel sur papier préparé ou Georges Michel et ses vues des lointains de Paris semblent étonnamment « modernes »
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Paysage avec rivière par Annibale Carracci(1589).
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Vue d’Anvers avec la Schelde gelée par Lucas van Valckenborch(1593).
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Vue de Tolède par El Greco (1596-1600)
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Saint Jean dans un paysage par Paul Bril(1590-1595).
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Vue de Delft par Vermeer(1659-1660).
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Soir d’été, paysage en Italie par Claude-Joseph Vernet (1773).
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Paysage historique par Pierre-Henri de Valenciennes (1800).
À partir du préromantisme en Europe : infini et informe du paysage autonome, image de l’homme et de la société[modifier | modifier le code]
À l’époque romantique, le paysage devient acteur ou producteur d’émotions et d’expériences subjectives. Le pittoresque et le sublime apparaissent alors comme deux modes de vision des paysages. Les premiers guides touristiques reprennent ces points de vue pour fabriquer un regard populaire sur les sites et les paysages. Les peintres de l’école de Barbizon, les peintres réalistes voient dans le paysage comme des correspondances se construire avec la société des hommes, qui est alors en pleine mutation et cherche à lire dans le paysage comme une leçon à déchiffrer. Le geste de l’artiste, son pouvoir à déchiffrer le paysage et à le recomposer dans le tableau, devient un facteur important dans la valeur expressive et significative du tableau.
Les peintres modernes comme les photographes découpent des points de vue, structurent, jouent de la lumière[modifier | modifier le code]
En faisant du paysage l’objet d’une observation méticuleuse et relative en termes de lumière et de couleurs, l’impressionnisme lui donne un rôle très différent afin de créer une représentation fidèle à la perception vécue que peut en avoir un observateur. Cette fidélité dans la restitution, qui s’exprime par exemple dans les contrastes et les touches « vibrantes », est sans doute une des sources de la passion pour l’impressionnisme (on parle souvent de « miracle impressionniste » pour l’analyse de phénomènes optiques et lumineux dans le rendu d’artistes comme Claude Monet).
La suppression du point de vue[modifier | modifier le code]
Le cubisme propose, principalement par la voix et l’œuvre d’André Lhote, un retour au paysage composé. Il s’agit de produire les signes qui expriment un pays, plutôt qu’une vue perspective de ce pays, en en lieu et moment anecdotiques11.
L’abstraction sous ses différentes formes retirera, dès les premières compositions de Kandinsky, une grande partie de la description détaillée du paysage en y voyant la marque de forces immatérielles, bien que l’on emploie souvent l’expression « paysagisme abstrait » à propos de plusieurs peintres non figuratifs (Bazaine, Le Moal ou Manessier) ou Zao Wou-Ki, dans l’abstraction lyrique, parmi tant d’autres.
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Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich (1818) ; représentation classique du romantisme allemand.
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La Charrette de foin de John Constable (1821) ; romantisme précoce.
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Le Caucase d’Ivan Aivazovsky (1863) ; romantisme tardif.
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Ville d’Avray (en) de Jean-Baptiste-Camille Corot (v. 1867) ; école de Barbizon.
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Lordship Lane Station de Camille Pissarro, (v. 1870) ; impressionisme.
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Montagne Sainte-Victoirede Paul Cézanne (1882-1885) ; postimpressionnisme
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Branche de la Seine près de Giverny de Claude Monet (1897) ; en plein air.
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Au-dessus de la paix éternelle d’Isaac Levitan(1894).
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Source : Extrait d’articles Wikipedia.
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